Pourquoi Facebook vous impose d’installer son appli de messagerie

Pourquoi Facebook vous impose d’installer son appli de messagerie

Les membres du réseau social qui veulent continuer à s’écrire en privé doivent maintenant passer par une autre application, Messenger. Une décision contestée, mais indispensable pour Facebook.

Pour continuer à s’envoyer des messages privés sur Facebook depuis une application mobile, ce sera Messenger ou rien d’autre. Depuis quelques jours, le réseau social impose à la plupart de ses utilisateurs d’installer une autre application s’ils veulent continuer à dialoguer entre eux en privé. La fonction de messagerie a disparu de l’application principale et, sauf à consulter le site en version Web dans un navigateur, il faut se résoudre à faire des allers-retours entre Facebook et Messenger.

Dans les pays où cette nouvelle politique est en œuvre, l’application Messenger a pris la tête des téléchargements sur l’App Store et Google Play, les boutiques de l’iPhone et Android. Pas étonnant, puisque des millions de membres du réseau social sont actuellement encouragés à la télécharger. La décision de Facebook est toutefois contestée et Messenger récolte des notes catastrophiques. La moyenne est de 1,5/5 en France. Même sanction en Norvège (1,5), en Suède (1) ou au Danemark (1). Les commentaires sont à l’avenant: «C’est la pire idée marketing de tous les temps», peut-on lire. Tout dépend du point de vue où l’on se place, car pour Facebook, imposer Messenger est indispensable. Voici pourquoi:

• Le modèle du site Web généraliste a vécu

Facebook a commencé par transposer son réseau social dans une seule application généraliste. «Je pense que sur le mobile, les gens veulent des choses différentes», dit aujourd’hui Mark Zuckerberg dans une interview au New York Times . Facebook veut éclater sa «grosse application bleue» monolithique en une myriade d’applications spécialisées entre lesquelles on naviguera facilement, comme on le fait déjà entre les SMS, les appels et le navigateur Internet. Ces applications seront plus légères et performantes, avance Facebook. Un important travail a été accompli sur Messenger. L’application dispose d’un plus grand nombre d’options que la messagerie dans Facebook, notamment pour les messages de groupe et les notifications, et se révèle assez agréable à l’usage.

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• Une place de plus sur les écrans d’accueil

En imposant Messenger, Facebook ouvre sur tous les smartphones une voie d’accès supplémentaire vers son univers. Au lieu de lancer un système d’exploitation mobile, comme Apple et Google l’ont fait, Mark Zuckerberg a choisi de développer des applications sur des créneaux porteurs. On entre maintenant sur Facebook via son réseau social, par la messagerie, par Instagram et bientôt par WhatsApp, racheté 19 milliards de dollars. Facebook cherche à devenir incontournable, quel que soit le téléphone que l’on utilise, afin de monopoliser notre attention. Sur les smartphones, 17% du temps est passé en moyenne sur Facebook et Instagram, selon Flurry Analytics.

• Gagner la bataille de la messagerie

Facebook s’est donné pour mission de nous connecter «avec les personnes qui comptent dans [notre] vie». Avec le temps, il est devenu un carnet d’adresses alternatif, utilisé tant pour des messages publics que pour souhaiter des anniversaires, organiser des soirées et prendre contact avec des inconnus. S’il veut prospérer, il ne peut pas se louper dans la messagerie sur mobile, qui est une forme de forme de réseau social qui ne dit pas son nom. Cela explique l’acquisition de WhatsApp, la proposition de rachat de Snapchat et le soutien porté à Messenger. Le plus grand rival de Facebook est Google, qui pousse lui aussi sa propre messagerie, Hangouts, installée sur les smartphones Android.

• Un relais de croissance pour Facebook

Facebook est une fusée à plusieurs étages. Son moteur principal est le célèbre réseau social. Il est utilisé par plus d’un milliard de personnes sur un mobile et génère l’essentiel de ses revenus. Le deuxième étage est composé des applications WhatsApp (500 millions d’utilisateurs), Instagram et Messenger (200 millions chacune), et de la fonction de recherche. «La priorité est de les faire croître [mais] elles deviendront des activités importantes dans le futur», a dit Mark Zuckerberg devant les analystes financiers la semaine dernière. Les méthodes pour gagner de l’argent avec Messenger dans quelques années ne sont pas encore claires. On peut imaginer que Facebook encourage l’achat de stickers, à la manière de l’application japonaise Line, ou prenne appui sur Messenger pour un futur système de transfert d’argent entre particuliers.

Source : lefigaro.fr

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